dimanche 19 mai 2013
Fort de son succès des années précédentes, Jos Houben anime au théâtre du Rond-Point une conférence d’un genre particulier. Seul en scène, il dissèque les mécanismes du rire pour le plus grand plaisir des spectateurs, dans un spectacle aussi subtil que réjouissant. Rien ne résiste à la perspicacité du comédien : nos mimiques, nos gestes, nos comportements, chacune de nos attitudes recèle un potentiel comique. Des premiers pas du bébé à notre manière de marcher ou de visiter une exposition, en passant par la chute d’un quidam, Jos Houben, en véritable expert de cette mécanique de précision, révèle tous les infimes éléments qui déclenchent le rire. Du grand art servi par un maître de la posture et du geste, pivot de l’école de Jacques Lecoq.
L’Art du rire, de et avec Jos Houben, jusqu’au 15 juin 2013 au théâtre du Rond-Point, à 18 heures 30.
lundi 25 mars 2013
Entre la mémoire du théâtre de Sophocle et la récupération du discours des publicitaires d’aujourd’hui, l’écriture au scalpel d’Heiner Müller convoque dans ses collages radicaux les fantômes de l’Histoire et les spectres du présent pour revisiter le bilan des batailles engagées durant le XXème siècle. Sous le titre Qu’on me donne un ennemi, Mathieu Bauer s’empare entre autre d’Ajax, un poème écrit cinq ans après la chute du mur par le dramaturge berlinois pour le porter à la scène et l’inscrire dans l’écrin détonnant de son théâtre musical.
Qu’on me donne un ennemi, d’après Heiner Müller, orchestré par Mathieu Bauer, avec André Wilms. Du 26 au 31 mars 2013, aux Bouffes du Nord.
vendredi 8 février 2013
Après le formidable A mon âge je me cache encore pour fumer repris l’an passé au théâtre 13, Fabien Chappuis, aujourd’hui directeur associé du théâtre, présente une pièce de Brecht : Le Cercle de craie caucasien. Une fable dense (trop parfois ?) qui compte jusqu’à 50 personnages (il y en avait même 90 dans la pièce à l’origine !), incarnés sur scène par dix excellents comédiens et une marionnette.
Après une révolution, l’épouse du gouverneur prend la fuite en abandonnant son bébé. Groucha, simple cuisinière, recueille l’enfant et l’élève comme son fils. Cette pièce de Brecht interroge le spectateur sur les liens du sang, sur l’engagement, sur ce qui fait que l’on devient ou non un père ou une mère. Une pièce éminemment contemporaine, qui entre en forte résonance avec les débats qui chamboulent aujourd’hui les esprits conservateurs et enflamment l’Assemblée nationale.
Fabien Chappuis, lui, fait le choix de la fluidité, en proposant une mise en scène simple et belle : deux plans de bois inclinés, manipulés à vue, deviennent une montagne, un tribunal, les berges d’une rivière, une maison paysanne et suffisent à nous faire voyager. Et le choix de faire intervenir une marionnette au milieu des comédiens, auquel s’ajoute une attention particulière accordée aux costumes, insufflent à ce spectacle quelque chose d’apaisant et magique. Sans compter que l’esprit de Brecht plane du début à la fin du spectacle : engagé, populaire, humain, avec des comédiens animés par la volonté de faire du vrai théâtre de troupe !
Théâtre 13 coté Seine
Jusqu’au 3 Mars
30 rue du Chevaleret
Métro Bibliothèque
Résa 01 45 88 62 22
Crédit photo : Bastien Capela
dimanche 3 février 2013
Le théâtre Marigny propose dans sa petite salle une association inédite et réussie : la réalisatrice Marion Vernoux met en scène Les Bulles, un recueil de nouvelles de Claire Castillon avec trois comédiens campant une dizaine de personnages.
Chaque nouvelle du livre est un petit morceau de vie, un portrait sans complaisance mais non sans humour : la mère abusive, l’éternelle célibataire de 40 ans, l’amant impuissant, l’ex-harceleuse, la jeune accouchée débordée… Les textes sont directs, osés parfois mais tellement vivants que les mettre en scène est une idée excellente. Malgré quelques longueurs, il faut saluer la direction d’acteurs parfaite et le talent d’Emilie Caen, d’Olivia Côte et de Jean-Baptiste Verquin qui donnent vie à cette galerie de personnages si différents et pourtant si semblables dans leurs fêlures. Un moment drôle et touchant.
Du mardi au samedi à 20h30, salle Popesco
Jusqu’au 30 mars
Résa : 01 53 96 70 00
Voir en ligne : Théâtre Marigny
lundi 3 décembre 2012
Au plus simple, c’est l’histoire d’une banale invitation à dîner qui prend un drôle de tour. Mariés depuis 20 ans, Tiphaine et Benoît reçoivent Alex, leur ami de toujours, qui est divorcé. Lorsque ce dernier s’aperçoit que le couple a l’intention d’en profiter pour lui présenter Emilie, une collègue de Tiphaine, il s’emporte et menace de rentrer chez lui. Pour éviter le départ de son ami, Benoît propose d’inverser les rôles : lui sera l’ami célibataire et Alex le mari de Tiphaine. Un changement d’identité aux conséquences inattendues qui révélera sous un jour nouveau 20 ans d’amour et d’amitié.
Frédéric Tokarz s’est inspiré du « Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux pour écrire cette comédie bien tournée, servie par des comédiens en pleine forme. La légèreté apparente du thème de la pièce n’est qu’un voile que Tokarz soulève progressivement pour explorer la psychologie de ses personnages. Quiproquos, aveux et confidences se succèdent à vive allure. On rit, on s’émeut de ce chassé-croisé sentimental, on s’interroge sur les ressorts inavoués qui font le sel des relations inscrites dans la durée.
Une belle soirée de théâtre, qui plus est dans le cadre douillet du Ciné 13 Théâtre et de ses sofas aussi profonds que confortables.
Au plus simple, texte et mise en scène de Frédéric Tokarz, avec Cendrine Orcier, Renaud Danner, Philippe Hérisson, Elsa Pasquier, du mercredi au samedi à 19 heures 30, le dimanche à 15 heures 30. Jusqu’au 5 janvier au Ciné 13 Théâtre.
Crédit photo : Gilles Bureau