dimanche 15 février 2015
Dans un petit théâtre d’aujourd’hui, trois comédiens et un pianiste laissent pour une soirée leurs tracas en coulisse. Car ce soir c’est music-hall !
Tous les talents sont réquisitionnés. Travestis, paillettes et claquettes, magie, impros et lanceurs de couteaux !
Dans un jeu de miroirs et d’allers retours, le souvenir des années 30 - quand on tentait de se divertir en chansons des traumatismes de la grande crise - résonne avec notre époque, ambivalente et trouble. Jeu d’ombres et ventriloques lèvent le voile sur la grande illusion aux origines de l’argent.
Peu à peu, sur scène comme derrière le rideau, le clinquant se fissure, le vice s’immisce, les intérêts sont mis à jour, à tout moment la bulle menace
d’éclater, laissant place peut-être à une autre donne …
Le spectacle se joue du 19 février au 3 mai du mardi au samedi à 21h30 et dim à 19h30 au Lucernaire
jeudi 2 octobre 2014
Entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel à Sarajevo, un homme prépare le discours qu’il doit tenir dans moins de deux heures sur l’Europe et son avenir. Dans cette ville qu’il a connue vingt ans plus tôt dans l’horreur de la guerre, les souvenirs surgissent, les textes de Heidegger ou de Platon refont surface et c’est tout le déroulé des pensées de cet homme en prise avec sa mémoire et ses convictions qui constitue le monologue d’Hotel Europe, joué actuellement au théâtre de l’Atelier.
Nul doute que cet homme est l’auteur lui-même, Bernard-Henri Levy. Dans le rôle de son double théâtral (jusqu’à la chemise blanche), un acteur immense qui livre ici une véritable performance : Jacques Weber. La mise en scène très contemporaine et dynamique de Dino Mustafic, avec ordinateur connecté à Google et images projetées, permet de rentrer dans la tête de l’écrivain en quête d’inspiration et de rester loin d’un discours politique ennuyeux.
Dommage que le texte soit parfois caricatural, sans finesse et souvent indigent de name-dropping et de suffisance car, au fond, les sujets politiques abordés (la montée du racisme, les médias, l’incapacité des politiques européens à faire face à la crise...) étaient intéressants.
Du mardi au samedi à 20h30 Matinée le dimanche à 15h30.
Théâtre de l’Atelier Paris 18.
Jusqu’en janvier 2015.
Résa : 01 46 06 49 24
dimanche 9 mars 2014
Le metteur en scène Jean Bellorini rend un vibrant hommage à Rabelais. Pour cela, il adapte le Quart Livre, qui relate le voyage allégorique et satirique de Pantagruel à travers un monde inconnu. Très ambitieux, ce spectacle vise autant à adapter le verbe rabelaisien qu’à témoigner de la vivacité d’une pensée toujours d’actualité, faite de détachement face à la folie du monde, d’exigence intellectuelle et d’amour de la vie. De toute évidence, Bellorini et sa troupe de chanteurs, musiciens et comédiens sont animés d’une passion dévorante pour le grand écrivain. « Rabelais parle de nous. De notre temps. Ce temps où, comme au passage du Moyen-âge vers la Renaissance, les idéologies dominantes s’effondrent alors que l’homme part à la conquête de nouveaux mondes, de nouveaux espaces, de nouveaux modes de communication, de nouvelles manières de penser » explique le metteur en scène. Les tableaux s’enchaînent dans une belle exubérance, les chants fusent, les tirades s’alignent. La scénographie et les décors sont soignés. Et même si l’ensemble manque parfois de lisibilité, l’enthousiasme et la ferveur de cette troupe aux multiples talents méritent d’être salués.
Paroles gelées, d’après François Rabelais, adaptation en mise en scène de Jean Bellorini, adaptation de Camille de la Guillonnière, jusqu’au 4 avril au Théâtre du Rond-Point.
Photo : © Anne Nordmann
lundi 27 janvier 2014
Adapté des textes de Chrétien de Troyes et de Geoffroy de Monmouth, Lancelot, le chevalier de Merlin, est une quête sanglante et courtoise, véritable voyage au cœur d’un Moyen Age de contes et de légendes. A peine adoubé par le roi Arthur, Lancelot tombe éperdument amoureux de la reine Genièvre. Lorsque pour se venger du roi, le prince Méléagant enlève la reine, le jeune Lancelot décide de libérer la femme qu’il aime, en dépit des dangers.
A voir en famille, pour les grands comme les petits, ce spectacle est une plongée dans l’univers féérique des Chevaliers de la table ronde. Superbement chorégraphiés, les combats s’enchaînent au fil de l’épée, dans un clair-obscur propice à l’imagination. Tout en métal et en fourrure, les costumes plongent les spectateurs dans un Moyen Age réinventé, où l’on s’attend à voir surgir à tout instant la magie de Merlin. 1 heure 40 d’enchantement.
Lancelot, le chevalier de Merlin, de Gaëtan Peau, d’après Chrétien de Troyes et Geoffroy de Monmouth, mise en scène de Quentin Defalt. Jusqu’au 23 février, au théâtre 13/jardin.
Photo©_Philippe_Rocher
jeudi 16 janvier 2014
Fait rare dans un théâtre, le Rond-Point vous propose d’assister à la levée d’un corps. Celui de Pierre Rigal en l’occurrence. Au centre d’un rectangle vert, cet artiste multifacettes, à la fois danseur, chorégraphe, musicien, vidéaste, passe, le temps d’une petite heure, de la position couchée à la verticalité. Tête, coude, bassin, tous les appuis sont bons pour tenter de se lever. Il roule, s‘érige, trébuche. Pour raconter l’histoire de cette élévation, Rigal a fait appel à son ami Aurélien Bory qui le met en scène. Repris dans la salle Jean Tardieu du Rond-Point, Erection est le premier spectacle des deux chorégraphes, créé voilà 10 ans. A grand renfort de son et d’impressionnants jeux de lumière, ils composent ensemble une métaphore de la destinée humaine, fait de tentatives, d’avancées, d’échecs et d’interrogations. Une belle heure pour un beau résumé de l’histoire des hommes.
Erection, jusqu’au 1er février au théâtre du Rond-Point.
Photo : © Pierre Grosbois