Jura nature

Dans le Jura, vignoble de haute expression et de petits volumes, l’esprit bio souffle de plus en plus fort. Pour notre plus grand plaisir !




crédit photo Philippe Bruniaux/CIVJ 

Jadis, Bourgogne et Jura n’étaient qu’un plateau, calcaire sur le dessus, argileux en dessous. Puis l’actuelle Bresse s’effondra, séparant les deux zones. Sous la poussée des Alpes, les argiles ressortirent majoritairement du côté du Jura, sur les pentes du Revermont (vestige de l’ancien plateau) qui accueillit un vignoble de collines situées entre 200 et 400 mètres d’altitude. Sur ce terroir s’est développé un goût particulier, entre le silex et la pierre à fusil d’un Château Chalon, ou la rondeur portée sur la noix et le curry d’un vin d’Arbois.

Génération bio

Ici, le souffle de la biologie anime des vignerons désireux de respecter l’environnement pour retrouver un meilleur équilibre dans leurs vins. Beaucoup abandonnent engrais et pesticides chimiques, favorisent l’enherbement, la confusion sexuelle (technique naturelle pour éloigner les insectes). Ceci sous l’influence d’une Bourgogne dont le Jura est proche par la majesté de ses vins blancs comme de ses rouges. Mais avec deux cépages locaux, savagnin et trousseau.

L’un donne des blancs très particuliers, aux nuances oxydatives (cette odeur au début un peu difficile de corde et de noix) mais dont la fraîcheur va parfaitement avec les charcuteries et les fromages. La plus haute expression du savagnin, ce sont le Vin Jaune et le Château Chalon, qui patientent six ans en fûts. Quant au trousseau, c’est un seigneur rouge qui vous regarde du haut de ses pierres et vous envoûte de son fruit frais. Il pourra dialoguer avec n’importe quelle bonne viande rouge, ou même une cuisine épicée qui trouvera dans sa minéralité un cavalier de choix.

Quelques bonnes bouteilles

Les vins d’Arbois sont à majorité rouges, les vins des Côtes du Jura sont plutôt blancs, et les vins de L’Etoile et de Château Chalon sont blancs.

Le Côtes du Jura chardonnay 2001 du Caveau des Byards (www.caveau-des-byards.fr) initie au goût local. Pour 6,6 €, on oscille entre curry, miel, pomme verte, fleur d’acacia et chèvrefeuille, et on apprécie avec un tajine d’agneau au miel et aux amandes cette bouche fraîche, à la fin fruitée sur l’écorce d’orange confite.

Pour aller plus loin, le Côtes du Jura 2000 à la reine (8,5 €) du Château d’Arlay (www.arlay.com), au nez fumé, miellé et fruité fera merveille sur un homard vapeur sans sauce, grâce à une fraîcheur élégante et une persistance miellée teintée de pamplemousse, avec une nuance oxydative.

Pour les amateurs de grands vins rouges, le Côtes du Jura Trousseau 2003 du domaine Pignier (03 84 24 24 30) est une véritable affaire (10 €). Minéral, fumé, sur de la confiture de framboise, il est frais à l’attaque, mais très gourmand en fin. On peut l’attendre encore un peu.

Dans un style plus souple, l’Arbois Pupillin Plousard 2003 cuvée Feule (6,5 €) du Cellier Saint Benoît (03 84 66 06 07) offre un nez de cassis, de poivre, de granit, assez corsé, avant une bouche souple et gourmande, poivrée, et d’une bonne acidité, qui fera merveille sur un pavé de bœuf bleu ou un tartare.

Pour aller du côté du gigot d’agneau, on préfera le pinot noir du Côtes du Jura Arlay 2003 (13 €) de Sylvie et Luc Boilley (03 84 44 97 33). Le nez est sur le tilleul, la verveine, l’infusion de fruits rouges, la bouche concentrée, gourmande et épicée.

Enfin, deux bouteilles de haute volée pour apprécier les chefs d’œuvre du goût du Jura. Le Château Chalon 1998 cuvée En Beaumont (29,9 €) du domaine Grand (www.domaine-grandfreres.com) a un nez très ample, sur la noix, l’écorce d’orange confite puis l’oxydation, pour finir dans la confiture d’abricot. La bouche est vivace, épicée, résinée. C’est un vin d’une très grande générosité, parfait pour les vieux Comtés. Une autre grande bouteille, le Vin Jaune l’Etoile 1997 (21,1€) du domaine Vandelle (www.vinsphilippevandelle.com), marqué au nez par l’oxydation, la pomme verte, la minéralité et le curry. Sa bouche structurée, à la fois gourmande et fraîche, accueillera avec plaisir un comté plus jeune, un peu fruité.



Partagez avec Facebook

Le 11 février 2006

galerie photos