Sugar

Les peurs et les clichés restent vivaces, malgré la promulgation de la loi sur le mariage pour tous. C’est ce que rappelle Sugar, sympathique pièce dédiée aux difficultés des amours homosexuelles, qui ouvre la saison du Vingtième Théâtre à Paris.
 


On l’oublie souvent, mais GAY est l’acronyme de Good As You – ton égal. C’est tout le sujet de la pièce de Joëlle Fossier. Son personnage, Sugar, est un jeune homme de son temps. Rien ne le distingue vraiment des autres. Comme bien des jeunes gens, il vit un amour compliqué, perturbé par la peur de l’engagement qui caractérise l’objet de son désir. Il faut dire que l’être aimé a des arguments. La quarantaine bien tassée, Georges Blanchet est marié et père de trois enfants. Notaire de surcroît, il a un équilibre personnel et familial à préserver, doublé d’une réputation à défendre. On peut alors regretter que Joëlle Fossier ait choisi d’axer sa pièce sur le personnage de Sugar, plutôt que sur celui de Georges. Malgré l’interprétation impeccable de Guillaume Bienvenu, le rôle-titre sert finalement de prétexte pour évoquer le dilemme de Georges (Denis Lastrat), tiraillé entre son amour pour son jeune amant, l’envie d’assumer au grand jour son homosexualité, et la nécessité d’assumer pleinement ses responsabilités de père et d’époux.

Voilà sans doute ce qu’une loi ne permettra jamais de régler. Le désarroi de ces hommes et femmes qui se construisent une vie avant de découvrir sur le tard que leur épanouissement passe par les bras d’une compagne ou d’un compagnon du même sexe. Il en faut du courage pour faire face au chaos, à la stupeur, au rejet, à l’incompréhension de son mari ou de sa femme, de ses enfants, de ses amis et de son entourage professionnel. Mis au pied du mur par Sugar, qui n’en peut plus de 5 ans d’amours clandestines, Georges passera enfin le pas pour s’affirmer aux yeux de tous tel qu’il est.
 
Le public assiste à cette éclosion avec le plaisir qui échoit aux pièces de bonne facture. Simple et sobre, la mise en scène évite les effets de style et les surenchères inutiles. Les comédiens s’acquittent honorablement de leur tâche, parfois peut être un peu trop, à l’image de Frédérique Lazarini, qui compose une sœur de Sugar à la sollicitude très démonstrative ou de Stéphane Douret, voisin de palier trop subitement homophobe. Mais qu’importe, la soirée est bonne et on sort du spectacle ravi de cette pièce plaisante, qui manie sans prétention comédie de mœurs et combat sociétal.
 

Sugar, de Joëlle Fossier, du 4 septembre au 26 octobre 2014, Vingtième Théâtre, 21 heures 30.


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Le 23 septembre 2014

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