Tony Martins, dans les coulisses de l’arène

Très répandue dans le sud ouest de la France, la tauromachie à cheval est pourtant méconnue du grand public. Souvent considérée comme un sport barbare, elle est ici élevée au rang d’art. A quelques kilomètres de Montpellier, dans son mas, Tony Martins dresse les chevaux qui bientôt fouleront le sable des arènes françaises, espagnoles ou portugaises. Lemagazine.info a rencontré ce cavalier d’exception, amoureux des chevaux et des taureaux.


Tony Martins - Anne Le Bon/Lemagazine.info

Regard profond, chemise blanche impeccable, dos droit et gestes souples, Tony Martins ne manque pas d’élégance. Sur son cheval gris, c’est lui qui mène la danse face à la demi-tonne de muscles du taureau Tito. Provocations, charges et esquives rythment ce ballet endiablé duquel personne ne sortira perdant. Ici, pas de banderilles, ni de harpons. Pas de danger non plus : nous sommes à l’entraînement et Tito est un taureau semi-apprivoisé. Ses attaques mesurées n’effrayent pas la monture de Tony, Adamastor, qui fait ses premiers pas dans l’arène. « Ce n’est que la quatrième fois que je le passe au taureau mais c’est un cheval qui a déjà de très belles attitudes. Il a un vrai potentiel », se réjouit Tony.

D’origine portugaise, l’homme a grandi au milieu des chevaux et des taureaux avant de venir s’installer dans l’est de la France à l’âge de 15 ans. Après une douzaine d’années à exercer comme plombier, il découvre la Camargue. L’endroit lui rappelle le Portugal. Il vend son entreprise et s’établit à deux pas de Montpellier, à Maugio, où il fonde le mas de Montijo en 1989. Il a décidé de devenir rejoneador, c’est-à-dire toréador à cheval. « J’ai pris des cours avec Carlos Pinto, qui est une des grande figure de la tauromachie. J’ai acheté des chevaux au Portugal et j’ai débuté dans les arènes locales », raconte-t-il de sa voix grave, tintée d’un léger accent portugais.

De plombier à rejoneador

En Camargue, on pratique deux types de tauromachie à cheval : la course portugaise et la corrida de rejón. « Dans la couse portugaise, le taureau n’est pas mis à mort dans les arènes mais est arrêté à mains nues par un groupe de huit jeunes gens – les forcados –, après que le rejoneador lui ai planté les banderilles, ces piques recouvertes de papier coloré », explique Tony Martins. La corrida de rejón, qui est la plus répandue, suit les mêmes principes mais se termine par la mise à mort de l’animal.
Après s’être distingué dans ces deux disciplines, Tony Martins s’est retiré des arènes il y a quelques années pour se consacrer à l’achat et à la vente des chevaux, principalement des Lusitaniens, destinés à la tauromachie. « Il faut d’abord bien les dresser avant de pouvoir les présenter au taureau, vers quatre ou cinq ans. Certains chevaux ne présentent pas d’aptitude particulière et il faut beaucoup les travailler pour obtenir de belles réactions, tandis que d’autres possèdent un véritable don », indique le cavalier. C’est le cas de Ribatejo, la fierté de Tony Martins. Vendu à la star des arènes Pablo Hermoso Mendoza à l’automne 2010, ce jeune cheval d’à peine quatre ans a un avenir extrêmement prometteur.

Tony Martins entraîne également ses chevaux à l’équitation de travail portugaise. Cette discipline récente et encore peu répandue en France est directement issue des techniques de monte traditionnelles des fermiers portugais, qui triaient le bétail à cheval. Membre de la toute jeune équipe de France de la discipline, Tony Martins s’entraîne régulièrement aux différentes épreuves de maniabilité, de dressage et de tri du bétail. « L’équitation de travail permet de mettre en valeur l’habileté du cheval lusitanien », indique-t-il. Joignant le geste à la parole, il s’élance au petit galop dans la carrière, faisant slalomer et sauter sa monture avec grâce, comme emporté dans une valse légère.



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Le 16 janvier 2011

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